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Maurice Livat peintre, sculpteur, visionnaire, porte parole du Temps
Les visiteurs prennent un grand plaisir de passer 7 fois la « Porte du
Temps » qui peut les amener vers le Nirvana…

CHIMERIA, Presse : La Semaine des Ardennes 31 octobre 2012, Maurice Livat peintre, sculpteur, visionnaire, porte parole du Temps, les secrets des Buduh

CHIMERIA, Presse : La Semaine des Ardennes 31 octobre 2012, Maurice Livat peintre, sculpteur, visionnaire, porte parole du Temps, les secrets des Buduh
Les visiteurs prennent un grand plaisir de passer 7 fois la « Porte du Temps » qui peut les amener vers le Nirvana…
CHIMERIA, Presse : La Semaine des Ardennes 31 octobre 2012, Maurice Livat peintre, sculpteur, visionnaire, porte parole du Temps, les secrets des Buduh
Les visiteurs prennent un grand plaisir de passer 7 fois la « Porte du Temps » qui peut les amener vers le Nirvana…

La Porte du Temps Sculpture et concept de Maurice Livat Chiméria 2012

La Porte du Temps Sculpture et concept de Maurice Livat Chiméria 2012


Suite 1, ENQUÊTE SUR L’ALCHIMIE

de STANISLAS CADEO

Réalisateur et chef opérateur

de Courts métrages, bandes annonces, clips..

Paris 03 avril 2009.

Suite 1

Hasard ?

 

La recherche de ce Burensteinas devient vraiment trop laborieuse ! Il faut que je m’oriente vers quelque chose d’autre. Plusieurs jours après, toujours dans ma quête désespérée, je vais faire tirer les premières photos prises à la maison de Nicolas Flamel. Puis dans le métro, aux environs de la station Courcelles, regardant mon maigre butin, j’entends : « Vous vous intéressez à Nicolas Flamel jeune homme ? » Un vieux monsieur à barbiche grise, assis à côté de moi sur le strapontin, me regarde avec ses petits yeux bleus pétillants. Il vient de voir les quelques pauvres photos des symboles sur les murs de l’auberge que je suis en train de manipuler. Je suis tellement fatigué de n’avoir rien trouvé de concret… Je m’empresse de lui expliquer l’objet de mon travail. Au mot « constance » il sourit et me demande depuis combien de temps je fais mon enquête. Lorsque je lui réponds que cela fait déjà presque 4 semaines et que je n’arrive à rien, il sourit de plus belle et me dit : « Cela fait 50 ans que je cherche et je n’ai toujours rien trouvé moi non plus ! Je m’intéresse à tous les sujets car tout se recoupe, vous savez ? » Je suis agréablement surpris, et je lui demande s’il pense qu’il reste encore des alchimistes de nos jours. « Sûrement… J’ai d’ailleurs souvenir  d’avoir lu qu’un festival à Sedan sur les arts visionnaires doit avoir lieu, on parlait d’alchimie… Là, bientôt, en Mars je crois… Vous savez ?… » Je lui réponds que je ne suis pas au courant.Je le remercie pour son information que je note quelque part, et il ajoute une phrase dont je me souviens : « Ne vous décourager pas. J’étais architecte. Il a fallu des siècles pour bâtir les cathédrales et nos vies méritent mieux que l’impatience et la frivolité. Là-dessus jeune homme, courage, je descends là… ». Lorsque le métro repart, je m’en veux de ne pas avoir suivi cet homme. Son aide m’a encouragé et il vient de m’offrir peut-être une nouvelle piste.

 

Le soir même je me renseigne sur ce festival à Sedan. Il y a effectivement le Festival International des Arts Visionnaires, CHIMERIA, qui a commencé depuis peu. Mieux encore, il y a une conférence sur « L’alchimie Buduh » au programme, organisée par un certain Monsieur Maurice Livat à l’Amphithéâtre Pierre Mendès France de Sedan. C’est incroyable ! Sur Internet « alchimie Buduh » me renvoie à la page de Maurice Livat qui se présente et explique l’alchimie Buduh en quelques mots. Sur sa photo il porte des lunettes et un chapeau. Je trouve qu’il a un air assez sévère, mais ce n’est qu’une photo… Maurice Livat est alchimiste Buduh. Il aurait découvert un haut lieu de l’alchimie dans les Ardennes, qui l’aurait conduit à mener des recherches effrénées. Le personnage m’intrigue et son parcours me captive. La quête de ce monsieur semble pleine de persévérance. Je dois le contacter absolument. Je n’en crois pas mes yeux, ses coordonnées sont indiquées noir sur blanc sur son site ! Tout ça me paraît presque trop facile au regard de mon périple. Je lui envoie d’abord un message auquel il répondra. Le lendemain j’appelle Maurice Livat. C’est une voix calme qui me répond. Ce monsieur m’accorde toute son attention. Il m’en dit davantage sur lui et l’alchimie Buduh. C’est un chercheur, mais aussi un artiste. Il est possible de le rencontrer après le festival. Je dois le rappeler pour confirmer ma venue. Sedan est à 250 Km de Paris, soit 2h de train. Il est d’accord pour me faire visiter son atelier. Il peut m’accorder une journée entière. Au téléphone c’est un homme d’une extrême gentillesse. Le timbre de sa voix est doux. Il se propose de venir me chercher en voiture à la gare. Je suis un peu gêné mais bien content d’accepter puisqu’il habite à Francheval, un petit village apparemment  perdu près de Sedan.

Un sac à dos avec mon dictaphone, mon appareil photo, et mes questions, je pars pour une journée à Sedan. (Þ voir Pl n°5 : Sedan Gare et billet de train)

 

*  *  *

Le laboratoire de création de Monsieur Livat.

 

10h12, Sedan Gare. Je suis surpris par la magnifique lumière qui y règne. Les façades des immeubles sont sombres, très caractéristiques de cette architecture du nord de la France. Cela suffit pour me dépayser. Sur le parvis de la gare m’attend un homme que je reconnais immédiatement. C’est Maurice Livat. Je m’approche de lui, qui ne sait pas encore à quoi je ressemble. Nous échangeons une poignée de main et déjà je sens que ça doit être un brave homme. Je commence par vouvoyer Maurice, mais très vite il m’invite à le tutoyer. Tant mieux me dis-je, même si par la suite je suis incapable de le faire… Nous commençons à bavarder dans sa voiture. Monsieur Livat m’explique que son atelier se trouve dans un petit patelin à 10 km de Sedan, Francheval. Maurice a travaillé 40 ans et demi dans l’industrie métallurgique. âgé de 65 ans, il a pris sa retraite il y a 5 ans m’explique-t-il. 600 âmes vivent à Francheval. Il semble y vivre une vie paisible. Depuis quelques temps il a décidé de s’installer dans son atelier, encore en travaux. (Þ voir Pl n°6 : Maurice Livat)

Nous rentrons par son garage, pour arriver dans un atelier très spacieux. Le plafond est haut, ce qui a permis à Maurice d’installer une grande mezzanine. Ses œuvres son posées là, un peu partout. Sculptures en pierre, bois, laiton, peintures à l’huile, et des objets étranges, un gros cube en plexiglas… Maurice m’explique qu’il y a trois jours son atelier était presque vide. Ses créations étaient exposées au festival des arts visionnaires de Sedan, CHIMERIA. (Þ voir Pl n°4 : photo de l’affiche CHIMERIA) Il vient de publier à cette occasion son livre « Les alchimistes Buduh et le carré magique des européens ». Maurice me montre des articles parus récemment sur lui dans le journal L’Ardennais, que j’achèterai tout à l’heure à la petite boulangerie du village. (Þ voir Pl n°7 : coupures de presse et M. Livat devant son atelier) Nous faisons un premier tour de la galerie en nous arrêtant devant chaque ouvrage. Maurice répond à toutes mes questions avec plaisir. Je peux le photographier pendant ses explications. Pour l’instant Maurice me parle d’art, laissant un peu l’alchimie de coté. Monsieur Livat s’efforce d’établir un ordre chronologique dans sa création. Je lui fais remarquer que son art fait preuve d’une étonnante diversité de styles. Maurice m’explique qu’il a traversé différentes périodes. En me montrant une de ses peintures de 1980, il me dit que ce style ne l’intéresse plus aujourd’hui. Monsieur Livat aime le changement. Il se dit sans arrêt dans la recherche. Il me présente un tableau jaune avec beaucoup de volume. Je me mets alors en face pour le regarder attentivement. Je m’approche, puis change de place. Et là le tableau se transforme complètement selon que je suis de face ou de côté. Du jaune, il passe au rouge ocre, et il se déforme avec les ombres. (Þ voir Pl n°8 : peintures) Maurice me montre sa palette de peinture sur laquelle s’empilent les couches depuis des années. Je photographie l’objet. C’est une forme de la constance de l’artiste me dis-je… (Þ voir Pl n°9 : palette de peinture) Puis Maurice me montre un de ses « Gigalyre », une de ses pures créations. C’est un objet en bois constitué de pièces en chêne sculpté. Le « Gigalyre » est tout articulé et peut prendre différentes formes. C’est aussi un instrument de musique me montre  Maurice  en pinçant une des petites cordes de l’instrument. L’objet est recouvert de signes qui me rappellent les quelques caractères alchimiques que j’ai déjà vu. Ce sont des lettres d’alchimie Buduh m’explique t-il. Il m’en traduit quelques unes qui correspondent à des notes de musique. (Þ voir Pl n°10 : les « Gigalyre ») Maurice fait aussi beaucoup de sculptures sur cuivre et sur laiton. Ses formes abstraites évoquent souvent les rondeurs de la féminité. Il fait aussi des techniques mixtes de photos numériques sur plexiglas. (Þ voir Pl n°11 : photographies, sculptures en laiton, empreinte de visage dans un drap) Je vois aussi de remarquables sculptures en pierre, dont certaines, bien patinées, m’évoquent l’art africain. (Þ voir Pl n°12 : sculptures en pierre) Il semble que je sois donc face à un artiste touche à tout, sachant aussi bien manier le burin, que la souris de Photoshop…

Nous abordons enfin un étrange cube assez volumineux, formé de multiples planches de plexiglas. L’engin est suspendu au plafond. « Ça, c’est le carré magique ! » s’exclame Maurice. L’objet m’avait interpellé dès le début. L’engin est suspendu au plafond par une chaîne. Il y a dessus des dessins, signes, schémas et cartes compliqués. J’ai l’impression d’être devant un bloc massif de mystère…

 

*  *  *

L’appel de la forêt.

 

Pour comprendre ce qu’est le carré magique, il faut repartir des bases de l’alchimie Buduh. Tout d’abord, cette discipline est exclusive à Maurice Livat. C’est lui qui l’a découverte, développée, et qui la continue encore aujourd’hui. Monsieur Livat m’explique que tout commence à partir d’un mystérieux signe. Alors qu’il se promène dans la forêt des Ardennes, un certain mois de Janvier 1983, il aperçoit un signe gravé sur un rocher, éclairé par le soleil couchant. Cette inscription dans la pierre semble ancestrale et il n’est pas facile de la voir. Pourtant, grâce à ce rayon de soleil, Maurice la repère. Hasard, ou coïncidence ? Pour Maurice, il n’y a pas de hasard.

Depuis, ce signe ne le quitta plus jamais et changea sa vie. Maurice est hanté par sa trouvaille. Il raconte dans son livre qu’il en perd le sommeil à l’époque. Il se décrit à cette période comme « Guidé par une force irrésistible, incompréhensible…[4] ». Maurice retourne fréquemment sur les lieux et trouve d’autres signes qui semblent étrangement liés au premier. Le grand rocher sur lequel il les a trouvés est triangulaire. La forme de ce bloc de granit est trop parfaite pour être l’œuvre de la nature. Quelle était la signification de ces inscriptions ? Maurice vient d’être mordu par quelque chose, il doit savoir. Il se rend tous les jours sur le site afin de l’examiner. Il trouve des variantes du premier caractère à d’autres endroits du bloc. Il trouve alors une multitude d’autres inscriptions, toutes plus mystérieuses les unes que les autres. Il les relève une à une. Il décide de s’installer sur le site pour le passer au peigne fin. Un secret était enfoui en ces lieux et il voulait le percer. Il décide d’entreprendre des fouilles archéologiques plus conséquentes avec du matériel. Il dégage le site et les alentours du rocher. Maurice trouve encore de nouvelles inscriptions à la base du bloc. Et à sa stupéfaction, il dégage une pierre cylindrique bordée de ces mêmes écritures, sur laquelle il y a une plaque en or. Encore en bon état, la pierre est située à coté du triangle. La pierre se situe à côté du grand rocher. Il va alors de découverte en découverte. Peu à peu il met à jour l’intégralité du site, recouvert par le temps. Au sol il y a 11 dalles de pierres plates. Il compte 81 petites pierres qui bordent ces dalles mystérieuses. Puis il trouve des encoches au sol qui devaient servir à emboîter des stèles disparues au cours du temps. Il est intrigué par un nouveau caractère en forme de croix et de balance. (Þ voir Pl n°13 : en bas à droite, sculpture sur cuivre de la « croix Buduh ») L’endroit ressemble à un petit amphithéâtre dont le centre est la colonne en pierre. Au nord du rocher, il trouve une faille, surélevée par rapport au sol. L’entrée est très étroite. Pourtant il parvient à s’y faufiler. Il accède à une cavité dans laquelle se trouve un récipient en pierre. Ce n’est que plus tard qu’il fera le rapprochement avec le creuset d’alchimiste. Maurice me montre tout en détail sur des dessins et schémas qu’il a représenté. Le lieu est dessiné sous toutes ses formes de façon précise : vues de dessus, de face, en coupe, etc… (Þ voir Pl n°13 : schéma sur fond blanc dessiné par Maurice) Je pense à des schémas de géomètres. Il y a des angles tracés, avec des chiffres, des pourcentages, etc… Je reste bouche bée à l’entendre. Tout ça me parait tellement fou, mais aussi tellement sincère. Maurice est très précis dans ses explications. Je lui demande si le lieu est visible, et éventuellement si on peut y aller. Mais Maurice m’explique qu’après cette découverte il a décidé de «  …restituer son secret et l’éternité à ces lieux ». C’est-à-dire qu’il a décidé de rendre l’anonymat à ce site, en le recréant tel qu’il l’avait trouvé le premier jour. Pour lui c’est une évidence, ce « trésor » mis au grand jour doit rester préservé.

 

Après cette découverte, la quête de Maurice Livat ne fait que commencer. De retour de son excursion, il s’acharne à rechercher la signification des caractères étranges trouvés. Les semaines passent, les mois, puis les années sans qu’il n’y ait un jour sans recherche me raconte-t-il. Maurice y consacre tout son temps libre. Ces signes ne sont répertoriés nulle part. Aucun peuple ne semble avoir utilisé de telles inscriptions. Il met plusieurs mois avant de comprendre, par hypothèses et déductions, qu’une partie des signes sont probablement relatifs aux astres et aux rites d’une civilisation disparue. Ces signes étaient des moyens de communication entre peuplades. Mais que voulaient-ils dire ? Que voulaient-ils peut-être nous transmettre ? Maurice est pris d’une soif de connaissance intarissable. Il cherche. Encyclopédies, livres, archéologie, histoire, écritures antiques, et archives des Ardennes tout y est passé me raconte t-il. Maurice me tient un discours passionné. Ses mains font de grands gestes. Dans sa quête de savoir, Maurice se rend presque quotidiennement sur le site, où il peut réfléchir et méditer. « Il est bon de s’imprégner d’un lieu pour mieux en percer les secrets ». Ce n’est que 6 ans plus tard, en 1989, que Maurice Livat est amené à faire le rapprochement avec le peuple des « Atulan », dont descend la civilisation Buduh, à l’origine de ce lieu, entre -9000 et -5000 av J.C.

Il commence à mieux comprendre les rites réalisés par les alchimistes Buduh et donc le fonctionnement du site de la forêt des Ardennes. Les alchimistes Buduh réalisaient des rituels pour transmuter les métaux en or. Les signes gravés dans la pierre indiquent les conditions nécessaires à la transmutation. Ils décrivent la position des astres, du soleil, l’influence des lunes, le débit d’eau des sources, la température, etc… Ces rites alchimiques Buduh s’accompagnaient d’une méditation et de chants vibratoires. Par la vibration et la méditation, ils arrivaient à ce que Maurice matérialisera et nommera le « carré magique », permettant la transmutation. Je questionne Maurice sur les chants vibratoires. Maurice me montre un exemple en faisant une vibrations avec sa voix. Ce sont des sons roques très gutturaux qui me font penser à des chants incantatoires (un peu comme les chants de la fameuse scène de cérémonie orgiaque dans Eyes Wide Shut).

Je suis très intrigué par le chemin de Maurice dans sa quête alchimique. Il m’explique que la découverte du site l’a « …transcendé à jamais… ». C’est une découverte sans laquelle il ne se serait jamais intéressé à l’alchimie. A force de recherches et de persévérance, peu à peu, Maurice est devenu alchimiste. 

En 1990, Maurice essaie de mieux comprendre le parcours de ces nomades à travers le globe. Les Buduh ont effectué une migration en spirale sur le globe, du nord vers le sud. Ce trajet passe notamment par l’Islande, la Norvège, puis la foret des Ardennes, en continuant par la Bretagne. Maurice en arrive à la conclusion que le site de la forêt des Ardennes est le centre alchimique de la région, mais aussi de l’Europe. Il découvre une parfaite symétrie des mouvements de migration des peuples Buduh par rapport à ce site. Un rayon de 3000km part du site, et s’étend de la Norvège jusqu’au Sahara sur un axe Nord-Sud, et de l’Atlantique jusqu’à l’Ukraine de l’Est sur l’axe Ouest-Est. (Þ voir Pl n°13 : différentes représentations sur plaques de plexiglas transparentes accrochées contre un mur de pierres) 

En 1991, Maurice est toujours plongé dans ses recherches. Il passe beaucoup de temps à étudier et à pister ces alchimistes Buduh. Il veut comprendre leur mode de vie. Maurice les décrit dans son livre comme des êtres capables d’interpréter les signes du temps, des saisons, des planètes et des chiffres. Toutes ces interprétations étaient le fruit du « carré magique », qui permettait non seulement la transmutation des métaux, mais surtout la transmutation de l’âme. C’est en décryptant ces codes pendant de nombreuses années que Maurice est devenu peu à peu alchimiste.

 

*  *  *

Le carré magique : une constante universelle.

 

Maurice élabore enfin ce qu’il appelle le nombre d’or Buduh, ou nombre d’or universel du « carré magique ». Maurice a tracé et calculé les angles qui relient les éléments du site de la forêt des Ardennes. Il a trouvé des symétries et toutes sortes de similitudes et de coïncidences dans les angles et des chiffres qu’il retrouve systématiquement. Par exemple le chiffre 36 revient souvent (il y a 36 alchimistes Buduh pour accomplir un rite, matérialisé par 36 places sur le site, c’est un triangle avec des angles de 36 ° sur le site, etc…). Maurice ne manque pas d’exemples pour lier ce chiffre à d’autres phénomènes. Je lui demande de ralentir un peu car je commence à perdre le fil. Maurice m’explique certains détails : il a vérifié l’alignement du soleil avec le lieu, la lune et certaines étoiles, toujours guidés par les inscriptions du bloc, qu’il commence à comprendre de mieux en mieux. Puis en regroupant toutes ces données, à la fois archéologiques, anthropologiques, géographiques, scientifiques et astronomiques, Maurice Livat en est arrivé à relier plusieurs points pour tracer ce fameux « carré magique ». C’est une figure géométrique, carrée, qui s’aligne parfaitement sur le site de la forêt des Ardennes. Il s’inscrit dans un losange. C’est la représentation ou quintessence de toutes ces années de quête. Le cube de plexiglas représente une sorte de « carré magique » en vue éclatée. (Þ voir Pl n°14 : le cube avec ses différentes plaques en plexiglas) C’est-à-dire que si l’on accole chaque plaque du cube, représentant chacune un aspect de l’alchimie Buduh, on obtient un carré unique : le « carré magique ». Maurice m’explique que c’est sa propre représentation du carré magique. Les Buduh en avaient une aussi, sans lui donner ce nom. Cette représentation très visuelle, permet de schématiser  un modèle de pensée qui leur était propre. (Þ voir Pl n°15 : en bas à droite figure du  « carré magique »)

Ce « carré magique » est universel m’explique Maurice, on le retrouve partout. Il appelle ça « une unité constante ». Elle s’applique à tous les domaines du monde. Bien sûr le carré magique s’applique aux hommes. Maurice met aussi en évidence 36 points sensibles du corps humain. Ces points ont un alignement parfait avec le carré magique. Il me montre des schémas, sur lesquels il explique différents concepts d’équilibre de manière visuelle. J’en saisis l’essentiel. (Þ voir Pl n°15 : à gauche : le corps humain au centre de l’alchimie Buduh, au milieu en bas : concept de l’échelle des temps en alchimie Buduh)

La vie serait organisée selon un équilibre et une symbiose parfaite, symbolisée par le signe en forme de balance et de croix : la balance alchimique ou croix Buduh retrouvée sur le site. Pour résumer, ce carré magique est la projection de l’équilibre de la vie m’explique t-il. Il a fallu plusieurs années de recherche à Maurice pour comprendre ces choses là. Presque la moitié d’une vie. Je ne pourrai certainement pas tout comprendre aujourd’hui. La journée qu’il m’a accordée me semble misérable, face à ce gigantesque flot d’explications ! Mais je m’accroche.

De 1994 à 2007, Monsieur Livat continue ses recherches. Il veut savoir à quoi il peut appliquer le « carré magique » Buduh. On le retrouve dans le corps humain, quelque soit sa position, m’affirme t-il. Il me montre alors des croquis et oeuvres sur lesquels une femme prend différentes positions, et à laquelle est superposée la constante géométrique du « carré magique ». (Þ voir Pl n°11 en haut à gauche, « carré magique » appliqué au corps féminin) Cette forme touche aussi à l’art, et c’est ici que Maurice s’y retrouve pleinement. Grâce à l’alchimie Buduh, il sait désormais comment trouver l’équilibre dans ses peintures. Le « carré magique » permet l’équilibre de la création. Il me montre sur son ordinateur, le « carré magique » appliqué au visage de la Joconde, et je vois à quel point les proportions du visage se retrouvent.  Puis en architecture, avec la Cathédrale de Reims que me montre Maurice. (Þ voir Pl n°15 : le « carré magique » appliqué au visage de la Joconde et en haut à droite au plan au sol de la Cathédrale de Reims) Les proportions du « carré magique » s’appliquent aussi à des sites historiques comme Stonehenge (Angleterre), Baalbek (Liban), Karnak et Louksor (Egypte) ou Angkor (Asie). On retrouve aussi la forme sur les pyramides et certains hiéroglyphes. Maurice la retrouve aussi sur l’organisation d’une ville comme Paris. Sur les plans d’un avion Concorde, ou encore dans la structure d’un micro processeur. C’est pour cela qu’il qualifie le « carré magique » de véritable « Constante universelle… ».

Il doit être 14h, je n’ai pas vu le temps passer. Nous commençons à avoir faim.

 

*  *  *

Entracte.

 

Je voulais inviter Monsieur Livat à déjeuner quelque part, mais il me propose de manger une pizza dans son atelier, pour que je ne perde pas trop de temps. Et puis à Francheval, je ne suis même pas sûr qu’on trouve un restaurant. Nous nous asseyons pour bavarder en attendant que la pizza chauffe. Je vois que je me suis trompé au début, lorsque je pensais que Maurice commençait à me parler de d’art en laissant l’alchimie de côté. Cette discipline touche à l’art et se retrouve dans les œuvres de Maurice. Bien plus encore, c’est sa philosophie de vie. Nous mangeons tranquillement. Le soleil traverse maintenant les baies vitrées, laissant passer une lumière douce, annonciatrice de printemps. Sur le sol, les ombres s’agrandissent progressivement. C’est étrange, toutes ces œuvres changent avec l’éclairage. Je propose à Maurice que nous fassions l’interview que j’avais prévu.

 

*  *  *

L’alchimie Buduh, une quête sans fin.

 

Nous en sommes au thé. Les concepts de Maurice résonnent encore dans ma tête et je place mon micro juste un peu trop près de lui. Le son sera légèrement saturé, mais le témoignage est trop important pour l’enquête. (Þ Écouter piste 1 du CD : L’alchimie Buduh) La quête alchimique reste toujours pour moi mystérieuse. Il faut une fermeté d’âme pour la suivre qui me paraît incroyable ! Finalement, quel but Maurice voulait-il atteindre ? J’en demande un peu plus à Maurice. « Plus on avance, plus on recule » me dit-il. « C’est une quête sans fin. » Maurice prend la métaphore d’une porte à ouvrir, qui en fait apparaître une multitude d’autres, et ainsi de suite. Il n’y a pas de but précis si ce n’est la recherche du savoir. « Ça devient tellement subtil, qu’on ne sait plus ce que c’est ! » m’explique t-il. Il a donc dépassé la question. Au tout début, après avoir découvert le site, il pensait rechercher un décryptage de l’alchimie et de la transmutation des métaux en or. Ce n’est que plusieurs années plus tard qu’il comprit que cette transmutation touchait en réalité à ce qu’il appelle « l’or intérieur » ou « l’âme ». « Il faut de la persévérance, mais c’est magique ! » me dit-il. « C’est symbolique, ésotérique, mais ce n’est pas un hasard ». Je l’interroge aussi sur la solitude à laquelle il doit faire face tout au long de sa quête. Il me dit qu’il doit faire face à cet isolement à cause d’une recherche très difficile à partager. Il m’explique que grâce à l’art il peut partager des choses. Maurice fait de l’art visionnaire. C’est-à-dire qu’il parvient à voir et matérialiser l’impalpable. Sa philosophie et ses concepts Buduh par exemple. Il en représente une partie sur ce cube de plexiglas. Sur chaque plaques, Maurice mélange dessins assez précis, et représentations sorties de son imaginaire. La frontière entre imaginaire et réalité s’estompe peu à peu. Pour Maurice, l’alchimie Buduh est aussi un art, dans le sens où on y retrouve l’équilibre de la création. Il n’a pas d’alchimistes contemporains à me conseiller. Il ne semble pas très intéressé par le sujet. Selon lui les vrais alchimistes restent discrets. Je lui soumets l’idée de la Philosophie de l’Art dont Patrick Burensteinas parlait à la radio. Pour Maurice aussi, seule patience et longueur de temps permettent d’accéder à cette Philosophie. Il me fait remarquer que la constance se retrouve à différents niveaux dans l’alchimie Buduh. D’abord par ce qu’il faut avoir une sacrée force de caractère et une conviction à toute épreuve, pour consacrer autant de temps à chercher un but qui ne sera probablement jamais atteint. Cela implique des sacrifices. C’est un travail de très longue haleine qui assagit celui qui le pratique. Et inutile d’essayer de compter son temps, seul le chercheur passionné sera récompensé. (Þ Écouter piste 2 du CD : Une quête sans fin) La constance se retrouve aussi parce qu’il y a une unité à la fois permanente et universelle dans l’alchimie Buduh : le nombre d’or du « carré magique ». Cette constante universelle touche à la vie.

 

Maurice Livat fait preuve d’une étonnante sagesse. C’est un homme apaisant. Zen. Je lui demande s’il a envie de transmettre son savoir aux générations futures, en laissant peut être des signes à décrypter comme le faisaient ses prédécesseurs. Maurice me répond qu’il laissera au moins ses écrits. Ce n’est qu’après 26 ans de recherche, en 2009, qu’il peut expliquer une partie de l’alchimie Buduh dans un livre. Mais le chemin est encore long. Maurice cherche encore. Il continue à structurer et décrypter l’alchimie Buduh. Il prévoit de faire un autre livre d’ici quelques années, si ses découvertes sont concluantes.

 

*  *  *

Épilogue.

 

Alors que je suis à trois jours de mon échéance pour ce dossier, enfin, Patrick Burensteinas, « l’homme introuvable », finit par me téléphoner à l’improviste, au dernier moment. Il était en voyage, et repart demain. C’est trop tard. Sa voix calme m’est familière. Il a bien eu mon message. C’est étrange d’avoir écouté quelqu’un à la radio, et de l’avoir ensuite au bout du fil. Je devrai me contenter de ces quelques précieuses minutes qu’il m’accorde. Je l’ai tant attendu, que j’en perds la voix. Il me donne une de ses citation : « Il faut l’ardeur de la fourmi, le cœur du chevalier, la patience de l’ermite, le renoncement du saint pour entamer et poursuivre la quête du Grand Œuvre... »

 

Mes recherches se sont transformées peu à peu en une véritable quête. J’ai pu toucher du doigt l’impalpable constance de ces êtres si différents. Pour les alchimistes, le temps ne compte pas. Seul la perfection de la pureté de l’âme existe.

 

J’aime le mot « constance » car il est beau, il a une vertu théologale dit le Larousse. J’y vois une sorte de pari impossible. Un travail de fourmi pour tenter d’approcher l’absolu. C’est le mot des grands artistes, des saints, des chercheurs, des alchimistes… Il suppose un grand nombre de sacrifices, une totale abnégation. Il implique souvent la conscience et la certitude que les buts recherchés resteront impossibles à atteindre. Cette recherche éperdue apporte la connaissance et la sagesse. L’or de l’âme.

Je retiendrais de ma brève conversation avec Patrick Burensteinas une phrase : « La quête alchimique est bien plus qu’une quête sans fin, c’est une quête sans temps »…


[1] Écrivain, prêtre lévite, astrologue, alchimiste et philosophe du XIVème siècle.

[2] Paul Coelho, L’Alchimiste, Ed. Anne Carrière, p.106, 1988

[3] Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire Des Symboles, Ed Robert Laffont / Jupiter, p.21, 1969

[4] Maurice Livat, Les alchimistes Buduh et le carré magique des Européens, Ed Société des Ecrivain, p.30, 2008.

 

Documents visuels dont le candidat n’est pas l’auteur :

 

– Planche n°1 : portraits d’alchimistes trouvés sur Internet (R. Lulle de la collection de Friderici Roth-Scholtzii Noriberg, N. Flamel par Balthasar Moncornet, B. Valentin : portrait idéalisé, Paracelse par Quentin Massys, Fulcanelli en autoportrait supposé et photo d’E.Canseliet, inconnu)

– Planche Photo n°2 : carte pde l’Auberge Nicolas Flamel, en haut à droite. 

– Planche photo n°3 : découpage de mon billet d’entrée au Musée des Arts et Métiers, photographies de Rubellus Petrinus et de son laboratoire, extraites de son site Internet (http://www.alchymie.net/alchimistes/rubellius.htm)

– Planche n°4 : découpage des mots « Programme-Avril 2009… » dans le programme qui m’est donné par la vendeuse de la galerie Les Cents Ciels. En bas à gauche : photographie de P. Burensteinas extraite de son site Internet (http://www.orifaber.fr/patrick.htm).

– Planche photo n°5 : billet de train SNCF pour Sedan.

– Planche n°6 : une carte de visite que me donne M.Livat. 

– Planche n°7 : une coupure de presse que j’achète dans l’Ardennais et une que me donne M. Livat (La Beuquette), à droite.

– Planche n°13 : au centre, signe dessiné par M. Livat, en bas à gauche, schéma, extraits de son site Internet (http://alchimistes-buduh.spaces.live.com/).

– Planche n°15 : en bas à droite : figure du « carré magique » et en haut à droite : le « carré magique » appliqué à la Cathédrale de Reims, extrait du livre de M.Livat (Les alchimistes Buduh et le carré magique des européens).

 

J’ai choisi d’inclure ces éléments visuels pour attester certaines visites ou rencontres (billet de train, carte de visite, etc…), pour illustrer mes correspondances et recherches par Internet, ou certains concepts expliqués par Maurice Livat et présentés exclusivement dans son livre.